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Récits de voyage
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Deuxième pays le plus peuplé au monde avec la Chine, l’Inde dépasse le milliard d’habitants. Et c’est d’ailleurs l’omniprésence et la densité de sa population qui grouille partout, nuit et jour, qui frappe, déstabilise, voire agresse le voyageur.

Au-delà de ce choc, c’est un incroyable mélange de Moyen Age et de modernité, qui fascine par tant de richesses et de culture!

Mumbai
Source : Flickr (by Eric Parker)

Ici une multitude de paradoxes s’entrecroisent à chaque instant: la foule, la magie sublime des couleurs, les monticules de détritus, la beauté des palais de maharadjahs, mais aussi des cortèges de misère et de mendiants efflanqués.

L’Inde c’est cet éclat qu’ont les femmes aux allures de princesses vêtues de saris flamboyants, mêlé au bruit des embouteillages étourdissants et les va-et-vient interminables des charrettes à bras. C’est à la fois la splendeur grisante des temples mais aussi l’insalubrité des bazars où fourmillent vendeurs et clients dans une cacophonie étourdissante. Ce sont tous ces regards mystérieux qui vous scrutent avec insistance dans la rue, toutes ces vaches sacrées couchées au beau milieu des carrefours qu’il ne faut pas toucher, cette cuisine épicée d’exception et cette profusion de croyances mystiques!

Ce continent, chargé de millénaires d’histoire est assurément pour les passionnés, l’une des 7 merveilles du monde, en plus de son Taj Mahal.
Pour les réticents, dites-vous que toutes ces démesures contribueront forcément à vous déstabiliser. Or ceci n’est-il pas le but principal d’un voyage?

L’Inde a été habitée par les Musulmans, les Portugais (Goa) et les Français (Pondichéry) mais surtout par les Anglais. Cette dernière influence est toujours très forte: l’anglais est la 2ème langue officielle après l’hindi, et on ne dénombre pas moins de 1600 dialectes et une vingtaine de langues officielles. Lors de l’indépendance de l’Inde en 1947, le pays fut séparé en 2 états: l’Union indienne pour les hindous (aujourd’hui 80% de la population) et le Pakistan pour les musulmans.

Cette république constitutionnelle (1950) est séparée en 28 états, et parmi les villes qui résonnent le plus en chacun de nous, on retiendra New Delhi (la capitale)Jodhpur, Jaipur et Udaipur, situées dans le sublime Rajasthan, Agra, Bénarès, Calcutta, Madras, Pondichéry, Cochin, Goa ou encore Bombay sur laquelle nous allons faire escale dans cet article.

Mumbai
Source : Flickr (by Francisco Antunes)

Bombe démographique avec près de 15 millions d’habitants, Bombay est au 5ème rang des mégalopoles mondiales les plus peuplées et on s’attend à ce qu’elle passe au 2eme rang avec plus de 27 millions d’habitants d’ici à 2015, juste derrière Tokyo.
Rebaptisée Mumbai depuis 1996, elle est à la fois la capitale du pèlerinage hindou mais aussi du cinéma indien.Bollywood“est le premier producteur de films au monde avec un millier de films par an, quasi exclusivement des comédies musicales à l’eau de rose vues par plus d’un milliard de spectateurs potentiels en Asie du sud-est!

Bombay est aussi la cité la plus ancienne et la plus sainte du Sud. Elle est enfin et surtout, le nerf économique du pays, commercial et industriel, où sociétés financières, assurances, multinationales et autres conglomérats, siègent dans des gratte-ciels ( voir Wikipedia ) rutilants qui surplombent la Mer d’Oman.
S’étendant sur 604 km2, Bombay est une île dont la pointe sud, Nariman Point, est occupée par le Business District. La mégapole progresse doucement vers un nouveau monde, plus alléchant et climatisé.
Malheureusement encore beaucoup restent sur le bord du trottoir: plus de la moitié de la population vit dans des bidonvilles, secouée par une agitation sociale importante et des tentions religieuses, bref bien éloignée des excès financiers.

Certes vous y trouverez peu de musées ou de sites historiques, mais la ville offre beaucoup. Comme partout en Inde, l’attrait principal de Mumbai se focalise sur les contradictions. Des demeures palatiales de Malabar Hill aux boutiques branchées de Colaba, vous basculez d’un coup dans les quartiers grouillants près des gares de Churchgate ou de Victoria station. Le matin vous admirez une partie de cricket qui se tient sur une pelouse rutilante en plein centre ville, et à la tombée de la nuit vous circulez sur des trottoirs jonchés de taules ondulées sous lesquelles s’entassent et dorment des familles entières. Certes le luxe côtoie la misère noire, comme partout ailleurs en Inde, mais ce sont ces contrastes permanents qui enivrent, bousculent et animent l’esprit et le cœur.

C’est vrai que lorsqu’on voit une femme assise derrière son mari sur un vélomoteur  ancestral, avec ses 2 nourrissons à bout de bras, entrain de slalomer à vitesse vertigineuse parmi des centaines de piétons affairés, de vélos désossés, de scooters pétaradants, de voitures déglinguées, de camions bondés, de charrues, de vaches, de chèvres, de chiens, le tout dans une poussière, une humidité, et une pollution infernale…. on se dit que leur vie ne tient vraiment pas à grand-chose ! Heureusement les  hindous croient en la succession des réincarnations (samsara), qui, en principe, n’a pas de début et pas de fin. Le seul moyen d’en sortir est d’atteindre la délivrance par la méditation et la dévotion.

De l’aéroport international Chhatrapati Shivaji, il faut compter une bonne heure de route pour rejoindre le centre ville en taxi, tant la circulation est dense. Aucun rickshaw n’a le droit de circuler en dehors du centre. Au choix on peut prendre le train (compter 80 roupies, soit 1.2 €), mais fatigant et un peu compliqué. Le taxi est de loin la meilleure solution: prévoir environ 400 Rps au compteur, soit un peu plus de 6€.

Dharavi
Source : Flickr (by M M)

Sur la route en direction du Centre, on croise le bidonville de Dharavi (qui  se visite!), le plus important de la ville avec plus d’un million d’habitants. Des milliers de baraques en taule, mêlées à des montagnes d’ordures sur lesquelles marchent  nus des enfants en guenilles. On peut difficilement imaginer l’état du lieu en période de mousson où doivent se propager à grands pas des maladies comme le choléra ou la malaria.

A voir: 

  • Le quartier de Colaba, où se concentrent les touristes, les hôtels, les commerces et les restos, foule de rabatteurs, de vendeurs et de chauffeurs de taxi guettant la moindre occasion de vous alléger de quelques roupies. Belle animation le soir!

C’est ici que se tient aussi le fameux monument “Gate of India“, sur le front de mer, qui est une grande arche de 26 mètres de haut, construite entre 1911 et 1924, en l’honneur de la venue à Bombay du roi anglais Georges V. Elle fait face à une grande place animée et fréquentée par les touristes et vendeurs à la sauvette. L’endroit ne présente pas un immense intérêt mais permet de s’immerger dans le chaos de la ville. C’est aussi d’ici que partent les embarcadères pour Elephanta Island.

Juste en face, vous pourrez admirer le célèbre Taj Mahal Hôtel (rien à voir avec le mausolée du même nom qui se trouve à Agra), l’un des plus grands palaces légendaires de l’Orient, le summum du faste au beau milieu de cette jungle polluée. Prendre un verre autour de la piscine pour apprécier le raffinement du lieu.
En sortant, prendre sur la droite et longer la jetée. Vous tomberez sur l’un des quartiers les plus pittoresques et insalubres, véritable électro choc en comparaison du luxe ostentatoire du Taj Mahal apprécié quelques minutes plus tôt.

Rendez vous au célèbre : Prince of Wales Museum, facilement reconnaissable par sa coupole d’influence moghole dans un jardin exotique. Belles collections de sculptures anciennes et d’arts décoratifs d’Inde, du Népal et du Tibet.

Gate of India
Source : Flickr (by Daniel Mennerich)
  • Marine Drive : Grande promenade en front de mer, en arc de cercle, intéressant pour ses façades art déco et ses nouveaux immeubles résidentiels un peu clinquants. Ne vous attendez pas à retrouver la baie de Rio ou de Nice, mais c’est une balade salutaire qu’affectionnent les indiens le soir, en marge du tumulte du reste de la ville.
  • La gare Victoria, désormais appelée Chhatrapati Shivaji (Atchoum !), est un remarquable exemple d’architecture néogothique victorienne, issu  de la rencontre de deux cultures: les architectes britanniques ayant fait appel à des artisans indiens pour intégrer la tradition architecturale indienne afin de créer un style nouveau, propre à Bombay.

Ne ratez pas le Crawford market pour le plaisir des yeux et de votre sens olfactif qui sont très sollicités! Etales d’épices, de viande, montagnes de fruits et légumes multicolores mais aussi vente d’oiseaux et de singes.
A quelques pas vous tomberez sur le quartier musulman et sa mosquée Jama Masjid, dont les dômes immaculés sont surmontés de minarets fuselés. Bain de foule assuré!

  • Quartier de Malabar hill:

Temple : Walkeschwar Mandir, souvent appelé Jaïn, intéressant pour son architecture et l’activité de ses rituels si particuliers. Joli moment de quiétude !

Une visite s’impose à tout prix: le quartier de la caste inférieure des blanchisseurs, les Dhobi Ghâts. Pas simple à trouver; il faut prendre Mahalakshmi Road qui débouche sur Banganga Tank. En plein milieu de ce quartier de misère, se tient un grand bassin servant aux ablutions matinales, entouré de temples. En direction de la mer, on s’enfonce dans de minuscules ruelles d’à peine plus d’un mètre de largeur, pour se retrouver parmi les bassines des blanchisseurs. Ces travailleurs lavent et triment comme des bêtes, des montagnes de linge à longueur de journée, avant d’être étendues à même le bord de mer, entre immondices, oiseaux, cerfs-volants et déjections humaines! Ici on a le sentiment que le temps s’est arrêté, il y a des siècles. Des scènes de vie inimaginables !

Vous l’aurez compris, passer par Mumbai sans s’y arrêter, c’est rater une des plus grandes villes au monde. Colorée, odorante, vibrante et touchante avec une histoire riche et diversifiée, vous êtes sûr de découvrir une “Londres tropicale”  qui restera à jamais gravée dans votre mémoire, que vous désiriez la découvrir dans son ensemble ou que vous restiez isolé dans des quartiers où la pauvreté est plus rare, et il y en a !

Infos et conseils en vrac :

– Visa obligatoire pour entrer en Inde. Cher et fastidieux à obtenir! Si vous voulez vous épargner des files d’attente souvent infructueuses, optez  pour une demande en ligne: Cliquer ici
– Pas de vaccin obligatoire mais vérifiez que vous êtes à jour. Inutile de préciser qu’il est capital d’être très vigilant avec les mesures sanitaires. L’eau du robinet n’est pas potable.
– Le point noir de Bombay: les hôtels, qui sont 2 ou 3 fois plus chers qu’ailleurs en Inde pour le même standing. Réservez à l’avance pour espérer dénicher un prix correct.
– Une myriade de compagnies à bas prix se disputent aujourd’hui les couloirs aériens indiens et proposent des prix très compétitifs pour vous permettre de sillonner tout le pays.

A lire avant le départ:

SHANTARAM  de Grégory David Roberts. Chef d’œuvre bouleversant dans le Bombay des années 70. Une adaptation ciné serait en projet avec Johnny Depp.

A voir en DVD:

le grand classique de la littérature populaire indienne maintes fois adapté au cinéma par Bollywood: “DEVDAS” dans sa dernière version de 2002, réalisée par le jeune Sanjay Leela Bhansali. Kischissime et sublime !  .

Beau voyage !

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